DES OBSTACLES

"Je ne veux pas que ma fille attrape le handicap de son camarade."



Les familles sont souvent désemparées lorsqu'on leurs apprend le refus d'inscrire leurs enfants atteints d'une déficience, dans un centre de loisirs.
Il sont dans l'obligation de se rabattre sur une structure spécialisée, éloignée, couteuse et qui ne garantit pas l'échange handicapés/"valides"

Quelles sont les raisons de ces refus ?
Les municipalités s'engagent-elles dans des actions intégratrices ?
Les modalités d'accueil sont-elles définis par un cadre législatif ?

Dans leurs démarches, les familles se trouvent confrontées à différents obstacles, qui peuvent être d'ordre  matériel, financier, législatif, ou plus de l'ordre de l'irrationnel et du comportemental.


Premier obstacle: L'inadaptation des structures et des pédagogies.

Les locaux, les salles, les équipements, sont les premières difficultés qui font face aux parents.
Les municipalités sont soumises à un encadrement bien défini quant à l'accessibilité des enfants handicapés dans les écoles, mais dans les accueils extra-scolaires les équipements sont moins présents.
Les "handicapés" moteurs sont dépendants des rampes d'accès, des ascenseurs, pour circuler dans les niveaux.
Les espaces et les conditions de jeux sont souvent inadaptés; une température d'intérieur amoindri peut être néfaste pour des myopathes;  le bruit, la foule, le manque de repères et les espaces non sécurisés, peuvent être néfastes pour les autistes. 


Deuxième obstacle: Un surcoût financier

La question du financement est inévitablement incontournable.
Les déficiences présentes chez les enfants, nécessitent un investissement supplémentaire en terme d'outils pédagogiques, de matériels techniques et médicales et d'encadrements humains
Esteban n'était pas handicapé physique, il était porteur d'un autisme léger.
Je me souviens, il ne parvenait pas à ce repérer dans l'espace-temps; il fallait lui faire signifier les différentes étapes de la journée en utilisant des pictogrammes.
Les salles de la structure et les consignes, lui étaient également représentées.
Nous avons alors investi dans un ensemble de pictogrammes. 

Il n'existe pas de fonds spécifiques dans ces cas de figure, en revanche certains conseils généraux octroient des aides à leurs communes pour qu'elles puissent financer ces accueils.
Le département des Hauts-de-Seine a établi un dispositif d'aide financière aux établissements accueillant des enfants handicapés de moins de 6 ans, et qui représente 2, 44 euro par enfants et par heure; au delà de cet âge, cette aide n'est plus apportée.



Troisième obstacle: la réglementation, aucune loi spécifique.

L'accueil des enfants en situation de handicap dans les établissements de loisirs connait aujourd'hui une absence de cadre législatif.
Rien n'interdit cet accueil, mais rien ne le définit non plus de manière explicite.
Par conséquent, les communes ont la possibilité de présenter un programme d'accueil, mais elles ne sont en aucun cas dans une position d'obligation. 
La prise en charge des enfants handicapés est par défaut, encadrée par la réglementation générale du domaine de la protection des mineurs, de l'hygiène, de la sécurité des locaux et d'un certain nombre de décrets.

Néanmoins les structures sont soumises à des principes fondamentaux de non-discrimination, d'accessibilité des lieux publics, et d'égalité face aux services publics.
Mais là encore un frein vient ralentir l'action des parents, puisque les établissements peuvent à leur tour invoquer des principes légitimes, comme le manque d'infrastructures ou de personnels compétents, pour recevoir des enfants en situations de handicap.
 Le principe d'égalité devant le service public est clairement définit concernant la scolarisation des enfants handicapés, mais lorsqu'il s'agit des structures de loisirs, on constate un flou législatif; Les parents peuvent uniquement se retourner auprès de la HALD (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Égalité) avec la délibération du 18 septembre 2006.



Quatrième obstacle: la qualification, un manque de formation du personnel.

L'accueil d'un enfant en situation de handicap nécessite d'acquérir un minimum de connaissance sur la déficience et le comportement de cet enfant en question. 
Les animateurs seraient alors dans la capacité d'éviter les risques médicaux, de manipuler le matériel technique et de proposer des activités pédagogiques adaptées.



Cinquième obstacle: la peur du handicap, de l'inconnu, du différent.

  " Je n'ai pas envie que ma fille attrape le handicap de ses camarades "
Cette question est encore soulevée par certains parents.
Face à une absence d'information ou même une différence, les parents, les enfants tout comme les organisateurs peuvent ressentir une sensation de peur.

La peur est une émotion que connaissent, partagent tous les êtres humains; elle peut se déclenche à la  vue d'une personne que l'on juge différente de nous. Par conséquent, elle ne saurait être considérée comme un mal en soi à priori, elle constitue plutôt une réaction normale et saine face à l'inconnu.


Elisabeth Zucman: " La Peur du handicap ".

" La peur est une émotion que connaissent, partagent tous les êtres humains; elle peut se déclenche à la  vue d'une personne que l'on juge différente de nous. Par conséquent, elle ne saurait être considérée comme un mal en soi à priori, elle constitue plutôt une réaction normale et saine face à l'inconnu."

  • Les parents ont peur de la qualité d'accueil de leurs enfants. Sera-t-il bien encadré ? Les animateurs seront-ils à côté de lui ? Prendra-t-il ses médicaments ? Les activités seront-elles adaptées pour mon enfant ?
  • Pour certains parents d'enfants non-handicapés, il ressort un sentiment d'inquiétude. Ils craignent que le temps consacré aux enfants handicapés empiète sur le temps des autres. Ils ne souhaitent pas non plus que les activités soient réadaptées aux conditions de ces enfants.            
  • Les organisateurs peuvent également ressentir de la peur face au déroulement de la journée d'accueil, vais-je pouvoir adapter mon projet pédagogique à l'accueil de cet enfant ? Aurons-nous le savoir-faire nécessaire ? Quelles sont les responsabilités ?
  • Les enfants appréhendent souvent le regard des autres enfants du groupe, ainsi que leurs capacités à effectuer les activités proposées. Ils peuvent se sentir ou se placer dans une situation d'échec.


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